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KAMYSH Markiyan – « La Zone »

 

KAMYSH Markiyan – « La Zone »

éd. Arthaud-Flammarion  2016 (original Nora Druk 2015), 165 p

 

« Tchernobyl devenue zone de trafics et d’errance des Stalkers »

 

RESUME : «La Zone est mon lieu de détente. Elle remplace la mer, les Carpates, les terrils, la Turquie enduite de mojito frais et parsemée de putes bronzées. Une vingtaine de fois par an, j'y pars en visiteur clandestin. Je suis un stalker, un piéton, un passant, un idiot, appelez-moi comme vous voulez. On ne me remarque pas, mais je suis là. J’existe, un peu comme le rayonnement ionisant. Je prépare mon sac à dos, je passe sous les barbelés puis je disparais dans la profondeur noire des forêts de Polésie (région boisée et marécageuse partagée entre Ukraine, Biélorussie et Pologne), dans les trouées et les odeurs de pin. Je me fonds dans ces épaisseurs étourdissantes et personne jamais ne pourra m’y débusquer.»

            Pour Markiyan Kamysh  comme pour ses camarades d’errance, la Zone - cette Zone d’exclusion nucléaire où toute présence humaine est interdite sur un rayon de 30 kilomètres autour de la centrale de Tchernobyl - est devenue «une terre de paix, figée et hors du temps». Depuis 2010, Markiyan Kamysh a passé plus de deux cents jours à explorer la Zone, «à renifler et toucher chaque débris de cette poubelle, chaque fragment du passé». Il connaît les lieux comme sa poche et nous embarque à la découverte de «l’endroit le plus exotique du monde» selon lui.

COMMENTAIRES  : Certes cet ouvrage possède un certain intérêt documentaire pour les lecteurs occidentaux (qui ont oublié Tchernobyl) en leur faisant découvrir que depuis la catastrophe de 1988, cette Zone est devenue -malgré des barrières et des contrôles policiers- une zone de trafic (notamment pillage par les Biélorusses et les Ukrainiens des restes mobiliers et surtout des métaux irradiés  dits "colorés") s'accompagnant de multiples “arrangements“ avec les “autorités“.

            Elle est aussi -et c'est surtout cela que relate l'auteur avec une évidente satisfaction- une zone où peuvent se dérouler en presque toute impunité ce qu'une jeunesse “occidentalisée“ considère comme les “libertés“ (drogue, ivrogneries, consommation de produits occidentaux), ainsi que l'opportunité de quelques gains au noir en accompagnant des “touristes“ pour des visites de la Zone.

            Mais l'ouvrage de Markiyan Kamysh est plus disert sur les satisfactions que la Zone procure aux "STALKERS“ que sur ses réalités actuelles (qui sont de plus changeantes). Bref c'est en définitive un document plus autobiographique que véritablement documentaire (seule l'annexe sur les villages de la Zone peut être considérée comme documentaire). Bref un ouvrage décevant et même irritant.

BIO : Étudiant en histoire à l’université de Chevtchenko, aventurier et journaliste, Markiyan Kamysh est né à Kiev en 1988 ("la génération  Tchernobyl")  dans une famille de «liquidateurs de Tchernobyl », ces hommes et femmes qui, au péril de leur vie, ont travaillé à la décontamination du site après la catastrophe nucléaire

 
« Hasard ou émergence ? »

      sur : « Hasard ou émergence ? »

( Jean-Pierre Luminet )

      La causalité émergente est une théorie –littéralement émergente- parmi les astrophysiciens cosmologistes actuels qui cherchent à résoudre la contradiction fondamentale existant entre la théorie de la relativité d’Einstein qui fait de la gravité la source essentielle de la causalité et la théorie quantique qui lui substitue le hasard comme élément dominant. Une contradiction dont les tenants et aboutissements avaient été déjà brillamment exposés par Jacques Monod –fondateur de la biologie moléculaire et prix Nobel 1965, dans son célèbre ouvrage « Le hasard et la nécessité » -ouvrage parfaitement lisible par un non scientifique.

      Jean-Pierre Luminet astrophysicien et directeur de recherches au CNRS expose pour sa part la théorie cosmologique de la causalité émergente dans cet ouvrage collectif rassemblant les réponses de 30 scientifiques : « Pourquoi moi ? Le hasard dans tous ses états » (éd. Belin, 2021, 277 pages), et il en donne une étonnante illustration avec le vol groupé des étourneaux[1]. 

A l’instar d’Arthur Koestler qui nous a donné une éclatante démonstration de l’émergence de la pensée scientifique à partir des travaux astrologiques de Kepler (voir son ouvrage : « Les Somnambules » paru en 1960), on pourrait se demander aujourd’hui si la théorie quantique apparue dans les années 1920 n’a pas figuré un nouveau tournant (et inquiétant celui là) dans la pensée, en mettant en avant cette notion de hasard qui a depuis fait florilège au delà de son  champ purement scientifique pour contaminer tout le champ social avec les technologies numériques des GAFAM qui exploitent –avec profit et impunément- les masses de Data fournies par le hasard des interactions comportementales. 

En tous cas si les théories cosmologiques et les interrogations sur l’origine de l’Univers sont loin de nos préoccupations ordinaires, elles constituent aussi et pour cette raison même une bouffée d’oxygène en cette période où les débats publics sont accaparés par des interventions débilitantes qui témoignent d’une alarmante régression de la raison. Et en même temps ces théories cosmologiques scientifiques apportent à nos préoccupations personnelles souvent trop prenantes un indéniable soulagement : elles nous redonnent goût et plaisir à l’usage de la raison -même et surtout gratuit.

 

JR décembre 2021



[1]  - dont j’ai pu personnellement constater au Vietnam et en Chine l’application qu’en faisaient les cyclistes dans les carrefours (ceci avant que ces deux pays ne fussent saisis par  l’universel prurit de la motorisation).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
REVEL Jean-François : « Comment les démocraties finissent »

REVEL Jean-François : « Comment les démocraties finissent », (Grasset 1983)

 

« La question est de plus en plus d’actualité,

mais la réponse que lui donnait JF Revel en 1983 est obsolète »

Présentation : Et si les démocraties, ces régimes bénis, n’apparaissaient bientôt que comme ces minces et précaires parenthèses à la surface de notre Histoire ? Et si la démocratie n’était qu'une infime péripétie ? Si l'Occident n’était qu'un accident ? Et si, non point par la force seule, mais par un lent glissement qui nous fait consentir à l’impérialisme soviétique, le totalitarisme devenait le destin même de la planète ?

Sommaire :  I - La démocratie devant son ennemi    II - La matérialité de l'expansion communiste           III-- Les outils de 1'expansion communiste IV- Les cadres mentaux de la défaite démocratique   V- Ni guerre ni servitude       Postface. Quatre confirmations. Critiques et commentaires

 

Bref Commentaire : Etonnant JF Revel ! Un si fin et si perspicace analyste qui a su nous enchanter par son élégante érudition historique -–même et surtout quand elle s’applique à des domaines –la gastronomie- où règne le convenu et le snobisme (cf. « Un festin en paroles », un véritable chef d’œuvre) et pourtant !  Car j’ai découvert par les hasards de la “Ruche à livres“ cet  ouvrage de JF Revel datant de 1983 qui offre la démonstration qu’en trente sept ans l’histoire a beaucoup tourné. (mais sans cesser de poser les mêmes questions !). Au point de faire apparaître au lecteur cet ouvrage –et malgré sa solide documentation historique -  comme un pamphlet politique parfaitement obsolète. Le lecteur qui connaît les éminents talents de l’auteur aura du mal à devoir admettre que JF Revel ait pu commettre un tel libelle, d’un si  féroce parti pris anti-communiste. Il est vrai qu’on considère encore aujourd’hui comme admis que les événements qui se sont déroulés à Berlin en Novembre 1989, auraient ouvert une nouvelle période de l’Histoire (dite “après la chute du Mur “, ou pour les Allemands après die “Wende“ –c'est-à-dire plus justement le tournant) ; et même pour certains (Francis Fukuyama) cela aurait été le signe de la fin de toute Histoire. Mais l'Histoire ne cesse de nous prouver (à condition de ne pas la confondre avec l'actualité des médias) qu'il y a plus de choses dans l'évolution de l'Humanité, que dans le brouhaha des idéologies et dans les paniers de la philosophie. 

Dommage que JF Revel ne soit plus là pour reprendre sa question initiale : « « Comment les démocraties finissent ? », à la lueur des nouveaux totalitarismes qui fleurissent aujourd’hui : ceux des soi-disant réseaux sociaux des Transhumanistes des GAFA, et ceux du Système de Crédit Social du despotisme chinois de Xi Jinping – et qui laissent bien loin les essais antérieurs des staliniens.

 
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