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ALY, Götz : « Comment Hitler a acheté les Allemands »

[Hitlers Volkstaat] traduit de l'allemand par Marie Gravey.

éd. Flammarion, Champs Histoire, 2005 (S. Fischer 2005], 523 p

 

« Sur l’exemple de l’Allemagne nazie, une belle démonstration

de comment la Finance sert à couvrir les pires politiques »

 

RESUME : Comment cela a-t-il pu arriver? Comment les Allemands ont-ils pu, chacun à son niveau, permettre ou commettre des crimes de masse sans précédent, en particulier le génocide des Juifs d'Europe? Invoquer la haine raciale dont le nazisme était porteur ne suffit pas: l'idée qu'un antisémitisme exterminateur animait la population allemande tout entière, dès avant l'arrivée de Hitler au pouvoir, est dépourvue de fondement. L’explication purement idéologique tourne à vide. (l’éditeur)

 

COMMENTAIRES : L’éditeur : « Ce que démontre Götz Aly, au terme d’une enquête minutieuse dans les archives auxquelles il a pu avoir accès, c'est que le consensus entre les dirigeants du Reich et le peuple a eu pour clé …le confort matériel de l'Allemand moyen. La guerre la plus coûteuse de l'Histoire s'est faite avec un objectif: préserver le niveau de vie de la population, à laquelle le régime ne pouvait promettre, comme Churchill, « du sang, de la sueur et des larmes» sans risquer l'implosion. Bien loin de profiter à quelques dignitaires nazis seulement, le pillage de l'Europe occupée et la spoliation, puis l'extermination des Juifs, ont bénéficié au petit contribuable, soigneusement préservé de toute hausse d'impôts jusqu'à la fin de la guerre, comme au soldat de la Wehrmacht envoyé au front, de même qu'à la mère de famille restée en Allemagne. Les Allemands, tous complices? C'est bien la thèse de ce livre, qui a fait date dans l'historiographie de la Shoah. »

 

TAT (jrc) : La démonstration de Götz Aly est beaucoup plus probante que celle de Goldhagen (“Les bourreaux volontaires de Hitler”) qui soutient que ce serait le profond et virulent antisémitisme des Allemands qui expliquerait leur adhésion au nazisme (*).  Pour sa part G. Aly montre très bien pourquoi les nazis se sont lancés dans la guerre et pourquoi ils n’ont eu d’autre solution que de la poursuivre pour garder le pouvoir.

Toute l’économie de l’Allemagne nazie a été un défi aux prétendues logiques économiques : du début (le réarmement) jusqu’à la fin (en Russie). Cette économie était fondée sur une perpétuelle fuite en avant et sur la conviction qu’on ne demanderait jamais aux nazis de comptes tant qu’ils seraient victorieux. Elle reposait sur deux piliers : l’extorsion des biens juifs et le pillage systématique des pays occupés, ce dernier facilitant la première. Les ressources des juifs étaient taxées par des impôts spécifiques et surtout leurs biens extorqués étaient transformés en de fictives souscriptions de Bons du Trésor, dont le rachat à terme par l’Etat nazi pouvait d’autant plus facilement être éludé qu’il avait fait disparaître dans les camps et les fours leurs “théoriques” détenteurs juifs. Quant au pillage des pays occupés, il a été systématisé par de complaisants experts financiers (qui sont d’ailleurs restés en place après la guerre). D’abord en multipliant les coûts réels d’occupation (ainsi la France a-t-elle payé les frais de stationnement pour 400.000 soldats allemands alors que l’effectif réel des armées d’occupation était cinq fois plus faible), ensuite en imputant à l’occupation les frais de la guerre offensive et la fabrication d’armes ou par exemple celle du Mur de l’Atlantique, et enfin en créant pour toutes les transactions une monnaie spéciale : les RKK Scheine (Billets de la Caisse de Crédit du Reich), qui s’échangeait avec la monnaie du pays selon un taux qui dévaluait fortement la monnaie autochtone. Toutes ces opérations étaient couvertes par des montages« astucieux » (au sens que la Justice donne à ce terme) de façon à faire disparaître les preuves de l’implication de l’Etat Nazi.

Car les nazis ont toujours veillé à ce que les actes d’expropriation des juifs et de vente de leurs biens soient établis par les autorités des pays occupés, et que leur transformation en Bons du Trésor du “grand Reich” apparaissent comme faisant partie du règlement des frais d’occupation. Le souci de dissimulation de leurs crimes est une constante chez les nazis, et la destruction des preuves bancaires tant du pillage des pays occupés que de l’expropriation des juifs a été sciemment organisée ... et en définitive mieux réussie que celle des fours crématoires. Elle s’est même poursuivie après la guerre grâce à la reconversion –avec l’accord tacite des Américains, de leurs experts financiers dans les structures bancaires de la nouvelle Allemagne.

Sur l’exemple de l’Allemagne nazie –grâce au travail de bénédictin entrepris par G. Aly, on peut ainsi mesurer à quel point la “Finance” et même l’économie tout entière sont déconnectées des réalités qu’elles prétendent représenter : avec quelques « experts » stipendiés on peut donner aux pires malversations politiques un habillage comptable qui permet de les poursuivre … jusqu’aux catastrophes finales et même au delà (comme l’actualité récente nous en offre encore la démonstration…).

 

(*) Jusqu’à la veille de guerre de 40-45, l’antisémitisme était général en Europe -pas plus virulent en Allemagne qu’en France par exemple. Et dans tous ces pays européens où la bourgeoisie juive était parfaitement intégrée (et n’aimait guère les réfugiés misérables des shetls qui avaient fui les pogroms des pays slaves de l’Est). Car l’antisémitisme violent était essentiellement le fait des pays slaves de l’Est de l’Europe : Russie surtout, Pologne et dans une moindre mesure dans les Balkans. 

 

BIO : Né en 1947, Götz AIy est l'un des grands historiens allemands du nazisme. Il a reçu le prestigieux prix littéraire Heinrich-Mann et le prix Marion-Samuel, décerné aux auteurs dont les écrits contribuent à lutter contre l'oubli ou la relativisation de crimes nazis.

 

 

 
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