Terra & Antiterra

BARRY Joseph : « George Sand ou le scandale de la liberté »

éd. du Seuil, 1982 (JB 1976), 567 p

«  George Sand, telle qu’elle s’est faite : chapeau bas !»

PRESENTATION : « Scandaleuse George Sand. Scandale de sa liberté, de ses  passions, de ses enthousiasmes politiques. de ses écrits. « De la  boue » pour l'un, « un chef-d ‘oeuvre » pour l'autre. Qui fut-elle en  réalité ? Une brillante intellectuelle ? Un homme au grand coeur ? Ou même « la femme la plus féminine » ? C'est ainsi que, restaurée pour la première fois dans sa vérité. Nous voyons vivre sous nos yeux une George Sand inconnue. La  biographie étincelante à laquelle Joseph Barry a consacré cinq  années de recherches explore la riche complexité de cette femme qui sut être, de façon si particulière : fille, mère, amante. écrivain, femme indépendante capable de s'offrir un château et d'y installer avec générosité une chambre pour Chopin, un atelier pour  Delacroix. On ne naît pas George Sand. On le devient. Mais comment ? C'est l’histoire de cc livre passionnant. Avec une pénétration rarement atteinte, Joseph Barry analyse les rapports ambigus qui lient George Sand à son siècle, si fertile  en bouleversements. Et peu à peu, de cet enchevêtrement de  vérités, apparaît une femme de notre temps, passionnée par tout  ce qui nous passionne, osant déjà ce que nous osons à peine,  agissant, luttant, pleurant, mentant, vivant sa liberté plus que la  prêchant et la vivant avec une plénitude qu'atteignent difficilement, au XX° siècle, les femmes des années 80.  George Sand : notre contemporaine ? »

COMMENTAIRES : La plus belle, la plus forte et la plus flamboyante œuvre de George Sand est la vie qu’elle s’est faite. Au prix d’une incroyable volonté et en tirant même de nouveaux élans des multiples entraves que les mœurs de l’époque et les drames de l’histoire et du cœur ont dressé devant elle. Chapeau bas ! (On voudrait vous y voir -vous les “MeToo“ !) En regard de cette magnifique personnalité, peu importe que ses facilités naturelles de polygraphe aient produite une littérature pour femme de chambre qui fait un curieux mélange avec un idéalisme social qui pourra paraître aujourd’hui bien désuet. A l’honneur de cette femme exceptionnelle, on se doit de mentionner qu’elle n’a jamais été « féministe » au sens –habituel, c'est-à-dire étroit- de ce qualificatif. George Sand qui a toute sa vie eu à lutter contre les préjugés de son époque envers les femmes (et en suivant ce si précis et si sensible récit de sa vie, on pourra voir ce que cela signifiait vraiment !), n’a jamais dissocié la revendication de justice envers le sort des femmes du combat pour la justice et l’égalité de tous les êtres humains, combat qui a toujours été pour elle le plus grand :  « pour que la condition des femmes soit transformée, il faut que la société soit changée radicalement ». Et grand merci à Joseph Barry pour cette belle et si sensible biographie : il nous restitue une George Sand trop méconnue, même -hélas !- de ses admirateurs ... et de ses nombreux amants.

BIO : Journaliste et écrivain américain, Joseph Barry n'a plus quitté la  France depuis qu'il y arriva en 1945, dans les rangs de l'armée américaine. Il fut membre du cercle de Gertrude Stein. En dehors de la biographie de George Sand, il est l'auteur de quatre autres ouvrages ayant trait à notre pays et travaille actuellement à une histoire du couple français.

George Sand et le féùminisme d'aujourd'hui  :  Le féminisme actuel (type MeToo), sous couvert d’une revendication de droits, n’est qu’une stratégie individualiste (Moi-je) de prise de pouvoir par  une partie de la classe des « bobos » qui se juge pas assez privilégiée et pas assez reconnue parmi les « premiers de cordée ». Ces manipulatrices se  servent des préjugés “machistes“ encore existants pour en les mettant en avant mieux occulter la nécessité de changer radicalement la société : elles savent bien que le changement radical signifie aller vers une réelle égalité sociale, c'est-à-dire de devoir accepter de renoncer aux privilèges dont elles ont bénéficiés en jouant sur les deux tableaux : garder les succès de leurs carrières et gagner l’avantage moral (sic !) de se présenter comme « victimes » de discriminations ou d’humiliations. Les privilégiées d’aujourd’hui veulent le beurre et l’argent du beurre : qu’on leur reconnaisse qu’elles ne doivent leur réussite qu’à leurs éminents mérites, et qu’on leur accorde en même temps l’amour (ou la compassion) que l’époque présente comme un droit pour toutes celles qui estiment avoir en plus tous les droits spécifiques à ceux (ou celles) qui se disent avoir été des « victimes ». Ce féminisme de réseaux sociaux (encore un bel oxymore !) est la forme parfaitement  réactionnaire de la lutte féroce de pouvoir qui agite la  classe des privilégiés (les derniers arrivés cherchant à entrer –ou à remplacer- ceux  qui sont déjà bien en place - et qui sont il est vrai majoritairement des hommes). Les actions revendicatrices de ces « féministes » impliquent et favorisent de fait la soumission comme fondement de la société. Rousseau et la révolution de 1789 avait fait du peuple le « souverain »  en lui donnant les moyens d’exprimer sa volonté générale. Aujourd’hui par l’entremise de tous ces mouvements faussement libérateurs, c’est Hobbes  et sa justification de la soumission par consentement, qui revient et remet en avant l’égoïsme de l’intérêt individuel.

            George Sand, avait raison : « pour que la condition des femmes soit transformée, il faut que la société soit changée radicalement »