Terra & Antiterra

         Ce matin du 11 Novembre on a entendu à la radio deux “experts“ liés à des instituts de sondages parler du grand changement de la France à partir de 1980 (sur ce un tournant voir aussi mon texte “le grand basculement“). Changement attesté par le passage d’une société de production à une société de consommation (tourisme) dont le symbole est la concomitance en 1992 de la fermeture de l’usine Renault de Boulogne-Billancourt avec l’ouverture du parc Disneyland à Marne la vallée. On évoque aussi une France de plus en plus collée à l’américanisation ; exemples -cette bagarre pour les pots de Nutella offerts à prix réduit par Lidl –le 20 du mois, c'est-à-dire quand on est au bout du budget du ménage, et les clubs de musique et de danse “Country“ dans la France périphérique (dans les banlieues c’est le rap et les kebabs qui bientôt envahiront aussi les centres villes)

         De là on dérive sur ce qui va sortir des prochaines élections présidentielles. De ces propos se confirme rien de réjouissant -ce qu'on le savait déjà : tout change pour que tout continue. Tout pour qu’on puisse continuer à consommer tout ce que les pubs omniprésentes nous rendent indispensable (“on sera des nuls si l’on ne peut acheter à notre gamin des Nike“ –produit d’une marque US fabriqué dans le Tiers monde). Et quelque soit ce qu’il faudra faire pour pouvoir payer : en se débrouillant pour être dans les bonnes cases pour bénéficier des aides sociales diverses et a priori ciblées ; ou profiter d’un crédit facile et à faible taux d’intérêt ; et surtout -puisque l’emploi salarié sûr (CDI) a disparu- sauter sur les multiples offres d’emploi précaire à temps partiel et à bas salaire. Exemple vu hier dans une vitrine d’une boutique de vêtements du centre de Valence : « 25 heures en CDD renouvelable par 3 mois pour un emploi ». L’emploi c’est comme tout le reste, vite vu, vite fait et vite quitté : le précaire c’est la liberté finalement – une liberté fondée sur l’acceptation enthousiaste du servage....

          Vivre, aujourd’hui c’est délibérément profiter tout de suite de tout ce qui peut fait jouir immédiatement, puisqu’il n’y a plus rien à attendre du futur ni de l’au delà. Vivre dans la jouissance immédiate de tout ce qui se présente est perçu comme opportuniste donc positif . Mais vivre ainsi sans futur, c’est vivre exactement comme un animal, et un animal même pas libre –sauvage- mais comme un animal domestiqué dépendant entièrement de ce que décident leurs maîtres. Le servage déjà accepté depuis des siècles va bientôt se transformer avec la dernière domestication que nous prépare la biotechnologie des Gafam. Tout ira bien quand on sera génétiquement ramené à l’animal et cela permettra de mieux gérer la surpopulation humaine –et d’en tirer profit car l’abattoir humain est une perspective ; et les Végans et les “L214 éthique et animaux" n’y verront aucun inconvénient car ils se voient bientôt comme les prochains "premiers de cordée" -avec une place réservée dans le vaisseau spatial pour Mars –quand cela tournera mal sur Terre. 

Et c'est ainsi qu'Allah est grand